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La science citoyenne pourrait aider à restaurer la population de grizzlys en Alberta

Gros plan sur un grizzly, de face.

Une étude portant sur le développement d'une application de conservation pour le suivi des ours fait valoir que la science citoyenne pourrait aider à restaurer la population de grizzlys en Alberta.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Radio-Canada

Une étude indique que la science citoyenne pourrait aider à rétablir le nombre de grizzlys en Alberta, mais les critiques préviennent que sans action gouvernementale pour préserver l'habitat et sensibiliser la population, ce prédateur restera une espèce menacée.

La recherche (Nouvelle fenêtre) (en anglais), publiée en février dans la revue scientifique Facets, examine le développement de GrizzTracker (Nouvelle fenêtre), une application créée pour collecter des données sur les déplacements des ours dans le nord-ouest de l'aire de répartition qui leur reste en Alberta.

Courtney Hughes, autrice de l'étude et écologiste paysagiste principale au sein du ministère de la Foresterie et des Parcs de l'Alberta, considère que les personnes qui vivent au pays des ours ont un rôle crucial à jouer dans la conservation des grizzlys.

C'est un très bon exemple de la façon dont il est important de travailler ensemble pour faire avancer les choses. Les gens veulent apporter leur contribution.

Une citation de Courtney Hughes, chercheuse et scientifique, ministère de la Foresterie et des Parcs de l'Alberta

Les gens sont passionnés par certaines choses, qu'il s'agisse des grizzlys ou des papillons, soutient Mme Hughes, qui a participé à la création de GrizzTracker.

Des critiques de cette approche estiment toutefois que la science citoyenne ne suffira pas à faire en sorte de reconstituer les populations de grizzlys.

Brian Horejsi, un spécialiste de la faune qui étudie les grizzlys depuis les années 1970, s'interroge notamment sur la manière dont la collecte de données à l'aide de l'application a pu contribuer aux efforts de conservation sur le terrain.

Je ne vois pas d'effet de retombée sur la conservation des habitats ou des populations d'ours, affirme M. Horejsi.

Il estime que si la province tient vraiment à protéger les grizzlys, elle doit imposer des limites au développement et aux routes dans l'habitat de l'ours.

Nous disposons déjà d'un vaste réservoir de connaissances. Nous savons ce qu'il faut savoir sur les ours pour protéger l'habitat et les populations, et nous ne le faisons toujours pas.

Une citation de Brian Horejsi, scientifique spécialisé dans l'étude des grizzlys
Un ourson grizzli traverse la route.

Un ourson grizzly sur l'Autoroute 40, dans le parc provincial Peter Lougheed, le 15 juin 2021. L'espèce est menacée en Alberta depuis des décennies.

Photo : Radio-Canada / David Gray

Les grizzlys sont considérés comme une espèce menacée en Alberta depuis 2010, année où l'on en comptait moins de 800 dans la province. À l'échelle nationale, il est classé parmi les espèces préoccupantes.

Autrefois abondants, les ours parcouraient presque toutes les régions de l'Alberta. Mais le développement humain, les routes et les lignes de chemin de fer ayant perturbé des habitats essentiels, les grizzlys ont disparu d'une grande partie du paysage.

Son aire de répartition dans la province se limite désormais aux régions naturelles des Rocheuses et des Foothills. Selon le dernier recensement gouvernemental, il en reste tout au plus 973.

Test du traceur

L'étude a commencé alors que l'application GrizzTracker était en train d'être développée et testée. Deux des quatre auteurs de l'étude travaillent à l'Université Mount Royal, tandis que Courtney Hughes et un autre chercheur travaillent pour le gouvernement provincial.

Développée par le ministère de l'Environnement de l'Alberta, GrizzTracker a été conçue comme un outil d'éducation de la population permettant de simplifier la collecte de données, de cartographier les déplacements des ours et d'identifier les possibles points chauds de rencontre entre les humains et les ours.

Mise à la disposition du public en 2017, l'application permet aux utilisateurs de signaler des observations et de les cataloguer avec des photos, des données GPS et des observations sur le comportement des ours.

Nous avions vraiment besoin d'identifier un moyen standardisé et automatisé pour rendre la collecte de ces observations sur les ours non seulement plus efficace, mais aussi plus rigoureuse, explique Courtney Hughes. Mais il s'agissait aussi de montrer que les Albertains peuvent participer à la collecte de données scientifiques.

L'aire de gestion des ours numéro 1 a servi de terrain d'essai pour le programme. Cette zone couvre un vaste territoire qui s'étend à l'ouest, de Peace River jusqu'à la frontière de la Colombie-Britannique, et au nord, au-delà des limites du parc provincial Notikewin.

Selon Mme Hughes, de nombreuses recherches ont été menées dans les chaînes de montagnes du sud et du centre de l'Alberta, mais les grizzlys de l'aire 1 sont beaucoup moins bien connus.

Plusieurs personnes de la région, notamment des agriculteurs, ont souhaité contribuer à combler cette lacune dans la recherche et ont participé à la phase de test de l'application. Le groupe de test était composé de membres de la Northwest Grizzly Bear Team, un groupe de travail créé en 2011 pour étudier les besoins locaux en matière de gestion.

Une application pour téléphone intelligent avec des boutons de couleur et la question : Qu'aimeriez-vous faire?

GrizzTracker encourage les utilisateurs à signaler les observations de grizzlys en y joignant des observations et des photos.

Photo : Grizz Tracker

Les gens voyaient des ours et voulaient quelque chose de mieux qu'une note sur le pare-brise, derrière les essuie-glaces, pour dire : « Hé, j'ai vu un ours », raconte Mme Hughes.

Ils voulaient apporter leur contribution et nous avions besoin de meilleures informations. C'est donc cette occasion qui s'est présentée, à cet endroit, en raison de toutes ces conditions.

Selon Mme Hughes, le programme GrizzTracker est un exemple de réussite dans le domaine de la science citoyenne. Elle souhaiterait qu'il s'étende aux aires de répartition des ours en Amérique du Nord, mais elle ajoute que le succès des programmes de science citoyenne repose en fin de compte sur le public.

Elle espère que l'étude incitera d'autres défenseurs de l'environnement à solliciter l'aide de non-scientifiques. Elle rappelle que de nombreux chercheurs l'ont déjà fait pour faciliter la collecte de données sur des sujets aussi variés que les oiseaux, les baleines, les forêts ou les astéroïdes.

Il est certain qu'il y a une dynamique croissante et formelle dans ce domaine, ajoute-t-elle. Je pense qu'elle a toujours existé. C'est seulement maintenant que nous l'exploitons.

Une approche combinée

Darío Fernández-Bellon, chef du projet de surveillance des grizzlys de l'Alberta (Nouvelle fenêtre) (en anglais), croit pour sa part qu'il faut allouer davantage de ressources gouvernementales à la recherche sur les grizzlys.

Selon lui, la taille et la santé des populations existantes ne font pas l'objet d'un suivi approfondi. La population n'est pas suffisamment sensibilisée aux moyens d'éviter les mauvaises rencontres avec les ours, estime-t-il.

Cependant, M. Fernández-Bellon reconnaît la valeur de la science citoyenne en matière de protection des grizzlys. Son équipe de recherche a récemment participé à un projet de collecte d'excréments qui a fait appel à des bénévoles pour recueillir des échantillons.

Les grizzlys sont insaisissables et peu nombreux dans le paysage, et il est utile d'avoir plus d'observateurs sur le terrain, note-t-il. Mais la véritable valeur des programmes de science citoyenne réside dans la sensibilisation du public qu'ils suscitent, d'après lui.

Les recherches menées uniquement pour que les scientifiques les lisent perdent de vue le fait qu'elles sont effectuées en fin de compte pour la société.

Une citation de Darío Fernández-Bellon, chef du projet de surveillance des grizzlys de l'Alberta

Il faut combler le fossé entre la recherche et le grand public, rappelle-t-il.

Avec les informations de Wallis Snowdon

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