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Un projet de résidence pour aînés en perte d’autonomie abandonné à Témiscaming

Les années de travail jetées à la poubelle laissent un goût amer au chargé de projet Pierre Bérubé. Après sept ans de démarches, il sait que le besoin de logements se fait de plus en plus urgent.

Un homme pose devant une résidence pour aînés.

Pierre Bérubé est gestionnaire pour les 28 appartements en plus d'avoir piloté le dossier de l'agrandissement.

Photo : Radio-Canada / Bianca Sickini-Joly

La troisième phase des Résidences Témiscaming, qui prévoyait la construction de 21 logements avec services pour personnes en perte d'autonomie, tombe à l'eau.

En 2017, le coût de construction était évalué à 3,8 M$ pour une nouvelle annexe. Sept ans plus tard, la facture a plus que doublé. 8,9 M$ est un montant considéré trop élevé pour poursuivre le projet.

La pandémie est venue et tout s’est détricoté, se désole Pierre Bérubé, gestionnaire des résidences et chargé de projet pour la phase 3.

L'extérieur d'une résidence pour aînés.

Les deux premières phases des Résidences Témiscaming ont été construites entre 1998 et 2004.

Photo : Radio-Canada / Bianca Sickini-Joly

La hausse considérable des taux d’intérêt a planté le dernier clou dans le cercueil.

Ce n'aurait pas été rentable, à 21 lits, pour 8,9 millions. Ce serait plusieurs milliers de dollars par personne pour être capable de rencontrer nos obligations financières.

Une citation de Pierre Bérubé, gestionnaire des Résidences Témiscaming

Si le comité de l’organisme était allé de l’avant, le chargé de projet estime que le loyer aurait été trop élevé pour le marché locatif de Témiscaming.

Retour douloureux à la case départ

Au fil des ans, la communauté s'était impliquée en temps et en argent pour mener l'agrandissement à terme. Près de 800 000 $ avaient été amassés avec des campagnes de financement. La MRC de Témiscamingue et la Ville avaient chacune promis 200 000 $.

J'aurais cru qu'on aurait mis tout en place pour être capable de réussir, mais en bout de ligne, il s'est passé autre chose, constate tristement Pierre Bérubé.

La phase 3 aurait accueilli des aînés en légère ou moyenne perte d’autonomie. Des services d’hygiène, de repas et de surveillance en continu dans l’édifice devaient être offerts.

On pensait vraiment qu’on finirait par l’avoir.

Une citation de Pierre Gingras, maire de Témiscaming

Le maire Pierre Gingras pointe du doigt la lourdeur bureaucratique. Tout ce que [les bénévoles] ont eu au long du processus, c’est des embûches au lieu de l’aide du gouvernement, dénonce-t-il. Il y a un manque, au gouvernement, pour faciliter les choses.

Un besoin qui ne disparaît pas

Le manque d’hébergement avec services n'est pas réglé, loin de là. On se pose la question : qu'est-ce qu'on va faire? lance M. Gingras.

Un homme sourit légèrement pour la photo devant la façade de l'hôtel de ville.

Le maire de Témiscaming, Pierre Gingras, était conseiller municipal au tout début du projet.

Photo : Radio-Canada / Bianca Sickini-Joly

Le problème est le même du côté des logements pour aînés autonomes. J'ai présentement 97 personnes ou couples sur la liste d'attente. Il y en a que ça fait plus que 10 ans qu’ils sont en attente d’un logement, témoigne Pierre Bérubé.

Les deux hommes estiment que les grandes villes sont avantagées pour de tels projets. Selon le maire, les coûts de construction à Témiscaming sont 35 % plus élevés qu’ailleurs.

Des services attendus

Une salle à manger devait éviter aux résidents, tous âgés de 75 ans et plus, de devoir préparer des repas.

La résidente Léonne Lalonde-Héroux aurait aimé, à 97 ans, profiter des services de préposés promis dans la nouvelle phase. Je ne suis pas pire, mais je commence moi aussi à être aveugle. J’ai de la difficulté à marcher, explique-t-elle devant son déambulateur.

Une dame âgée a les bras posés sur une table. Derrière elle se trouve un déambulateur.

Léonne Lalonde-Héroux reçoit l'aide de ses enfants et de gens autour d'elle au quotidien, mais elle aurait apprécié qu'un service de repas soit offert.

Photo : Radio-Canada / Bianca Sickini-Joly

Mme Lalonde-Héroux se débrouille bien avec l’assistance de ses proches et la visite du personnel soignant, mais l’abandon de la phase 3 l’attriste.

À Laverlochère, à Ville-Marie et tout ça, ils ont bâti des affaires. Pourquoi pas nous autres? se questionne-t-elle.

Déracinement

Le chargé de projet Pierre Bérubé rêvait que ses parents puissent vivre et terminer leurs jours dans leur ville, un souhait qu’il n’a pas pu réaliser. Je souhaite à d’autres que leurs parents puissent continuer de vivre auprès de leurs enfants, dans leur village natal.

L'extérieur d'appartements avec une balançoire.

Ces unités des Résidences Témiscaming font face au ruisseau Gordon.

Photo : Radio-Canada / Bianca Sickini-Joly

Le maire Pierre Gingras s’inquiète pour la population anglophone, qui représente plus du tiers de la population. Ils vont être envoyés où? À Ville-Marie, à Rouyn, à La Sarre, à Val-d’Or? Ils vont être déracinés de leur milieu et, en plus, ils ne pourront pas communiquer convenablement, estime-t-il.

Un autre projet?

Le conseil d'administration des Résidences Témiscaming cultive l’espoir de présenter un nouveau plan qui viserait la construction de logements plutôt que de lieux d’hébergement avec services. Les sommes recueillies dans le passé sont conservées pour un éventuel projet.

Pierre Bérubé compte observer la suite des choses d’un peu plus loin. Qui sait, peut-être qu’un jour, un entrepreneur privé va vouloir en faire une, construction, suggère-t-il.

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